Le rallye du Touquet, une épreuve dont la participation nous a souvent effleuré l’esprit mais que nous n’avons jamais concrétisé jusqu’à  ce week end du 4-5 Octobre 2008 ! Pour notre première participation à  une épreuve du championnat de France nous sommes intégrés au team R3C Racing Turkménistan pour qui nous essayerons de marquer un maximum de points.
Les souvenirs de quelques passages époustouflants, la pluie, la boue et les routes lisses sont autant de pièges que l’on me racontait en me parlant d’un enfer à  vivre! C’était effectivement l’enfer, nous l’avons vécu et c’était absolument génial !

Préparatifs
Le jeudi est la journée des derniers préparatifs avant le départ pour le week end. Quelques pneus montés plus tard et quelques frayeurs avec une prise des phares additionnels qui casse et la batterie à  plat. Heureusement tout s’arrange et nous voila partis chaussés de pneus pluie sur le plateau. En effet en picardie c’est toujours le déluge alors que la route est déjà  sèche au Shakedown !

Shakedown
Nous pensons être quelques autos à  faire un petit tour vite fait! en fait toutes les pointures sont là  ! Nous arrivons avec nos pneus pluie à  notre premier shakedown, sans notes, les pressions ne sont pas faites!  » Aller on va faire un tour pour voir à  quoi cela ressemble! »
Nous arrivons au départ et notre entourage est assez impressionnant pour une première. Les 307 d’Eric Mauffrey et Dany Snobeck devant et la 306 d’Arnaud Augoyard deux voitures derrières. La procédure de départ de la 307 retentit et c’est à  notre tour de nous élancer (beaucoup plus calmement !). Cela fait vraiment du bien de reprendre quelques marques avec la voiture. La spéciale d’essai est sympa mais assez cassante. On chausse les slicks, on attend la nuit pour essayer la rampe et se mettre dans l’ambiance. Nous ne regrettons pas d’être venus ! Notre seul regret est de rouler sur le sec alors que la météo ne promet rien de bon pour la suite.

Première étape
Après des vérifications sans encombre et l’installation difficile de la tonnelle sur le front de mer (un sacré vent tout le week end), nous voilà  en route pour la première étape. Un prologue de 2 spéciales pour un total de 24 km et 15 chicanes ! Ces spéciales sont pour moi loin d’une réussite. Le choix des pneus est difficile mais les ouvreurs (la ph’team est partout 😀 ) nous indiquent quelques points gras et piégeux. Nous décidons de partir en pluie pour assurer le coup ! La route est sèche sur tout le routier et je commence à  regretter mon habitude a souvent tenter les slicks ! Mais au final, c’était le bon choix !
Nous partons prudemment avec un premier freinage assuré mais déjà  la sortie d’équerre me prévient du peu de grip. Une portion rapide et un second freinage très chaud, l’auto se met en crabe mais cela passe de justesse. Quelques kilomètres plus loin j’aperçois déjà  la R5 Gt qui nous précède. Dans le rapide nous remontons très fort et à  la sortie d’une chicane, la Renault se met sur le côté pour nous laisser passer. Quelques secondes d’envolées mais il faut rester concentré! Nous passons une chicane puis le pont de l’autoroute qui nous amène à  un gauche caché noté à  fond de 4ème. Je ne le sens pas et lâche beaucoup. Heureusement car un tapis de boue surgit, l’avant se dérobe puis revient! l’arrière décroche un coup mais ça passe ! On a eu chaud !
Nous partons dans la deuxième spéciale un peu plus confiant. Au premier carrefour je vois que la Gt est sortie dans le suivant et qu’elle vient juste de repartir. Nous la rattrapons vite avant une équerre et je pense qu’il va s’écarter mais non. De ce fait nous le suivons un bon moment, à  la prochaine équerre ce ne sera pas encore le moment puis il s’écarta dans la portion plus large. On passe mais que de temps perdu ! La fin de spéciale est très piégeuse. Je me loupe dans la seule zone  » maxi grip  » en freinant beaucoup trop tard à  une épingle, un petit coup de câble et ça repart ! Au final le temps n’est pas si mauvais. Nous sommes très déçus du temps perdu mais heureux d’être restés sur la route !
Nous pointons à  la 27ème place scratch à  26 secondes de la tête du F2000. Vu nos soucis c’est encourageant !


photo : François Champeaux

Deuxième étape
Après une bonne nuit, une grosse étape nous attend avec 2 boucles de 3 spéciales dont la spéciale de Bourthes et ses 25kms, ses chemins de terre, son gué! Autant d’obstacles à  franchir !
La première spéciale du jour est un peu difficile pour moi. Le rythme n’est pas facile à  trouver, le terrain très glissant et je me fais surprendre sur quelques freinages. Nous sommes à  nouveau en pluie malgré les nombreuses zones sèches.
Dans la seconde, nous sommes neutralisés au départ suite à  la sortie de Laurent Carbonaro et Marc Emilien Choudey qui nous ont accueillis dans le team. La 307 est bien abimée! La spéciale est un piège constant et les passages terres sont vraiment chauds ! Dans l’ensemble cela va.
Nous voici arrivés à  Bourthes, la redoutée. Dans cette spéciale je ne compte pas le nombre de coups de cable! j’assure beaucoup dans les portions terres et cassantes, j’ai un peu peur de faire une erreur bête. Les cordes sont boueuses, il faut vraiment rester sur la défensive mais malgré tout nous nous faisons vraiment plaisir. Dans cette spéciale, Yann* de Ph’AutoSport me panneaute mon écart par rapport à  Benoit Boulanger. Cette idée était partie d’un délire et pour finir nous l’avons concrétisé. C’est tout bête mais quelle ambiance ! Il m’annonce à  ce moment +5 ! Nous finirons la spéciale à  +4. Peut-être cela m’a-t-il permis de redresser la barre 🙂


photo : Paul Dissaux

Le second passage sera du même acabit avec un peu plus d’humidité. Un léger tête à  queue dans une épingle de l’es 6 me fait perdre quelques secondes et ce sera la première erreur de ce rallye. De ce fait je redresse la barre dans la deuxième spéciale o๠je me sens vraiment à  l’aise. Nous mettons par exemple 1 seconde au kilomètre à  la Célica qui nous précède. Cela piquera d’ailleurs au vif Ghyslain le copilote. Il est reparti avec le couteau entre les dents ! J’en profite pour souligner l’ambiance sympa qui a régné tout le week end entre les concurrents même si les batailles ont été rudes ! Dans le second passage de Bourthes nous partons sur un meilleur rythme et je me sens vraiment bien dans la voiture. Tout va bien jusqu’à  une première alerte sur le STAC. La voiture déjauge ! A ce moment les km défilent dans ma tête et je lâche un peu pour assurer le coup j’ai peur d’être en manque d’essence vu que nous sommes juste pour faire la boucle. Les derniers kilomètres sont vraiment longs ! J’essaye de rouler plus coulé sans aller chercher les derniers tours pour économiser quelques gouttes qui nous permettrons peut-être de rentrer. Heureusement nous rentrons à  bon port et en ayant tout de même amélioré de 8 secondes.
A noter dans la deuxième spéciale de cette boucle, le panneautage est tombé à  l’eau suite à  l’abandon de la clio, l’écart en secondes s’est transformé en  » 1er F2000 Go go go ! « . J’en ai loupé mes rapports ! 😀
Benoit Boulanger et son copilote Maxime Vilmot ayant abandonné sur problème mécanique dans la deuxième boucle, il nous laissait le leadership du F2000. Par contre nous sommes poursuivis de très prés par Laurent Bayard et Loic Brigaudeau qui échouent à  3 secondes ce samedi soir. En avant pour une petite soirée pizza entre amis ! Pour ce rallye, nous avons eu la chance d’avoir le prêt d’un appartement à  200m du parc fermé. Romuald (Ph’AutoSport, Zyon) a d’ailleurs passé ces 3 jours avec nous (merci pour les piz’ 😉 ).

Troisième étape
En ayant passé le samedi, nous pensions avoir fait le plus difficile. Mais c’était sans compter les routes détrempées et lisses du dimanche ! On m’avait énormément parlé de la Caloterie (ou St Josse) et de ses champs de boue par exemple. Nous allons d’ailleurs débuter la journée par celle-ci.
Je débute la première spéciale très concentré avec l’idée de rouler extrêmement propre et prudent pour rester sur la route. La première partie s’effectue sur un faux rythme, le grip était plus au rendez-vous que je pensais dans ces portions propres et larges. Dans l’étroit, j’applique la stratégie convenue et cela paye, nous ne perdons pas de temps. Arrive la dernière épingle, propre celle-ci, dès que j’ai tiré le frein à  main, je savais que je commettais une erreur. Je remets les gaz mais le tête à  queue est inévitable ! Marche arrière, je suis furieux d’avoir fait cette erreur après une spéciale comme celle-ci. Laurent Bayard nous met 11 secondes dans cette spéciale et prend la tête du F2000.
Nous poursuivons par Montcavrel. Cette spéciale m’a plu lors des reconnaissances. La première partie sale est vraiment cassante et mes ardeurs sont vite calmées, je soulage beaucoup. J’ai du mal à  me remettre dans le rythme jusqu’à  la bosse. Je me jette dans les enchainements, une légère bosse dans les routes étroites o๠la voiture raquette légèrement mais tout va bien. Nous arrivons dans la portion très rapide, on remonte sur le plateau. Nous enchainons avec une chicane, puis une relance jusqu’en 5 pour une courbe gauche à  fond avec un changement de revêtement indiqué dans les notes. Je l’entends mais  » zappe  » totalement l’information. Je reste soudé à  l’entrée du gauche et la sanction ne se fait pas attendre. A peine les roues arrières arrivées sur le macadam lisse que le train arrière patine et engage fortement on se retrouve fasse aux arbres et à  un mur. Je contrebraque à  temps et arrive à  tenir la voiture sur la route avec l’aide d’un  » bac à  sable  » version rallye (du gravier, oui au Touquet c’est dans les gravier que l’on a du grip 😀 ). On a eu très chaud et l’espace d’une seconde je nous voyais nous encastrer dans les hais d’arbres à  droite ou à  gauche. Ma première réaction a été  » J’ai pas compris ! « , preuve que j’avais totalement écarté le changement de grip et que la moindre faute d’attention est fatale. Nous repartons de plus belle pour la suite de la spéciale qui sera heureusement plus calme. Nous en mettons 6 à  Laurent et sa clio. Cela fait du bien !
Direction Hallinghen. Il faut assurer les freinages lisses et tout se passe bien. On a vraiment parfois l’impression de se trainer mais nous n’avons pas le choix. Sur la fin de spéciale nous apercevons la M3 de Cédric dans le fossé! aïe ! C’est un sport impitoyable!
Dernière spéciale de la boucle, Frencq m’inquiète pour ses passages rapides et lisses. Je n’ai jamais été aussi frustré en ES ! Des boulevards devant nous et pourtant nous n’osons même pas accélérer de peur de partir en aquaplaning. C’est vraiment très piégeur ! A environ 1 km de l’arrivée je vois une alarme s’afficher sur le STAC, je pense tout d’abord à  un léger déjaugeage comme la veille mais cela m’intrigue. Je suis un peu déconcentré et manque de tirer tout droit dans une épingle gauche avant l’arrivée. L’alarme se reproduit deux fois! je ne le sens pas. Je fini la spéciale sans lâcher dans les 800m qui reste. Au final nous avons joué jeu égal avec la Clio pendant cette boucle et elle nous précède au final de 1s5 ! Mais à  ce moment je ne me souciais guère du classement.

Epilogue
Je pars en routier prudemment et surveille toutes les valeurs du STAC. En regardant les mini/maxi j’ai la confirmation qu’il ne s’agit pas de l’essence mais de la pression d’huile ! Le voyant s’allume dans les ronds points ! J’appelle Hugues Delage une fois arrivé au Parc pour lui demander son avis. Ce sera sans appel  » STOP HERE ! « . D’ailleurs j’étais déjà  plutôt convaincu en appelant. Pour la petite anecdote, Hugues était en train de faire tous les scratch d’un autre rallye avec la compact de Jean Marc Lasselin ! Au premier abord nous pensions à  un problème de pompe. Mais la quantité d’huile perdue était inquiétante et plusieurs personne dont Nico106 (Ph’AutoSport toujours 😉 ) nous préviennent que nous perdions de l’huile après la 4ème de ce matin. Le rallye s’arrête la pour nous ! Un peu déçu mais ce que nous venons de faire était tellement fantastique que le moral reste bon.
Après avoir chargé la voiture, mangé un morceau et pris une bonne douche chaude nous sommes venus voir l’arrivée du rallye. Une belle bagarre en tête et Laurent rentre la clio en tête du F2000 ! Il a vraiment bien roulé et nous avons passé un bon moment ensemble. Cela a d’ailleurs été le cas avec de nombreux équipages !

Bilan
Sur le coup je n’y croyais pas mais après avoir enlevé sa protection je ne pouvais que constater la casse du carter moteur ! Les alarmes de pression en courbe étaient donc dues à  un niveau faible d’huile. Nous avons évité le pire mais je ne comprenais pas o๠cela avait-il pu se produire. En visionnant les vidéos j’ai remarqué un choc dans une petite corde. Vraiment pas de chance! Mais nous nous en sortons bien.
En ce qui concerne le team c’est à  nouvelle fois une hécatombe. Paul Bizalion abandonne sur boite cassé dans la 2, Laurent Carbonaro sort dans la 4, nous abandonnons à  la mi journée dimanche et Eric Mauffrey sort de la route dans l’après midi. C’est encore une fois Rémy Jouines et son copilote qui ramène des points pour l’équipe avec une deuxième place de classe malgré leurs soucis mécaniques. Pour une première fois dans le Nord, c’est une belle performance pour cet équipage du sud. Johan Vanson, copiloté par Maxime Lemoine, étaient invincible en N3 avec la 206 du team Ghillet. J’ai vraiment été impressionné par leurs chronos !
Je ne sais pas encore de quoi sera fait la saison 2009! nous verrons. En tout cas, toute l’équipe a pris un pied d’enfer en participant à  cette manche du championnat de France. C’était vraiment dur avec beaucoup d’improvisation et de pièges mais comme disait Jean Marie Cuoq en 2007, c’est du vrai rallye !
Une vidéo est en préparation! encore un peu de patience 😉
Je voudrais encore remercier mes petits gars à  l’assistance qui ont fait un super boulot ce week end là  ! (je n’ai même pas eu à  bosser une seule fois 😀 ) Laurent Carbonaro et Marc-Emilien Choudey du team R3C Racing Turkmenistan pour leur gentillesse et tous ceux qui nous suivent des yeux et avec leurs appareils ou caméras !

@Bientôt
Julien